Impacts sur les communautés locales
Pollution environnementale
Les deux principaux problèmes pouvant découler de l'exploitation d'une usine de farine de poisson sont : 1) le rejet des eaux usées polluées par des matières organiques (appelées « eau de lavage »), et 2) le rejet de fumées et d'odeurs désagréables. La gestion et le contrôle de ces rejets potentiels dans l'environnement par les usines de farine de poisson font également partie des fonctions de l'ONISPA.
Dans le cadre de leur licence d'exploitation, une usine de farine de poisson en Mauritanie doit accepter de se conformer à un « cahier des charges ». Ces cahiers des charges exigent un traitement adéquat des eaux usées et des odeurs, et plus généralement que l'usine soit construite selon les normes et standards les plus récents en matière de protection de l'environnement.
En ce qui concerne les eaux usées, les usines disposent soit de leurs propres stations de traitement, soit peuvent diriger les eaux usées vers une usine centrale qui les traite de manière commerciale. Ces stations doivent extraire les matières organiques de l'eau et les réinjecter dans le processus de production de farine de poisson, laissant une eau suffisamment propre pour être rejetée. Pour réduire la pollution de l'air, les usines doivent être équipées de filtres en céramique sur leurs cheminées.
Un autre problème plus difficile à résoudre à Nouadhibou est l'élimination des déchets plastiques. En effet, la ville ne dispose pas actuellement d'un système satisfaisant pour l'élimination des déchets plastiques, qui, comme les visiteurs le remarqueront, sont omniprésents dans les ruelles et le long du littoral, en particulier autour du port de pêche artisanal.
L'industrie de la farine et de l'huile de poisson (FMFO) en Mauritanie, bien qu'importante pour l'activité économique, est gérée de manière à atténuer les risques pour la sécurité alimentaire locale. Plusieurs mesures visent à garantir un accès continu ou amélioré au poisson pour la population locale et régionale.
1. Quotas réglementés et attribution des espèces : depuis 2018, la Mauritanie applique des quotas spécifiquement pour les petits pélagiques, qui sont une source principale de FMFO. Cette réglementation veille à ce qu'une proportion significative de ces poissons soit orientée vers la consommation humaine plutôt que vers l'utilisation industrielle. Par exemple, 100 % des sardinelles et 20 % des sardines doivent être envoyés vers les unités de congélation pour la consommation humaine ; seuls les sardines restantes et les poissons impropres à la consommation peuvent être transformés en FMFO. L'application de ces règles s'est améliorée avec le temps. L'effet de cette politique peut être observé dans les données sur les quantités de poissons congelés par rapport à ceux transformés en farine de poisson :
Quantité et valeur des petits pélagiques congelés à terre (données de l' IMROP)
Production de farine de poisson et huile de poisson (t)
2. Contrôles et inspections sur site : Le secteur de la pêche est étroitement surveillé, avec divers contrôles à différents stades—enregistrement des navires, autorisations de débarquement, et inspections effectuées par les garde-côtes ainsi que par l’ONISPA (Office National de l'Inspection Sanitaire des Produits de Pêche et d'Aquaculture). Ces mesures garantissent le respect des quotas et la répartition appropriée du poisson, que ce soit pour la consommation humaine ou la production de FMFO, en fonction de leur qualité et de leur état.
3. Mesures de soutien social : Pour soutenir les plus vulnérables, la Société Nationale de Distribution de Poisson (SNDP) distribue du poisson gratuitement, provenant d'une contribution obligatoire de 2 % des prises des navires de pêche (en poisson ou en argent, selon les exigences de la SNDP). Cette initiative combat directement l'insécurité alimentaire parmi les segments les plus pauvres de la population.
Bien que la majorité de la production de farine de poisson en Mauritanie provienne de la sardine, l'espèce où il y a un risque de concurrence entre la farine de poisson et la consommation humaine est la sardinelle. En effet, la sardinelle a traditionnellement été la principale source régionale de protéines bon marché provenant du poisson, tandis que la sardine (qui ne se trouve pas plus au sud que le nord de la Mauritanie) ne fait pas partie de la pêche traditionnelle en Afrique de l'Ouest et n'est pas vraiment acceptée sur le marché (comme le montre le fait que la SNDP n'acceptera pas la sardine pour la distribution).
L'impact de l'industrie de la farine de poisson et des mesures de gestion mentionnées ci-dessus sur le prix et la disponibilité de la sardinelle sur le marché local et régional n'est pas facile à évaluer. Cela est dû à la diversité des facteurs influençant le prix du poisson sur le marché local, notamment le coût du carburant et autres intrants pour les navires de pêche, qui a augmenté en Mauritanie comme ailleurs. Il est difficile d’évaluer dans quelle mesure la production de farine de poisson a directement entraîné l’augmentation du prix de la sardinelle, par rapport à la disponibilité réduite de la sardinelle ronde en raison de l'état des stocks, l'augmentation du coût des intrants tels que le carburant, ou les changements dans les réglementations (par exemple, les modifications du zonage en 2022 qui ont repoussé les plus grands navires en mer, réduisant leur accès à des stocks côtiers comme la sardinelle plate).
Sécurité alimentaire
Droits de l'Homme
À l'initiative du Global Roundtable on Marine Ingredients (une initiative sectorielle multipartite), une évaluation de l'impact sur les droits de l'homme de l'industrie de la farine de poisson et de la pêcherie des petits pélagiques (y compris l'artisanal) a été réalisée par l'ONG Partner Africa en 2023.
Le FIP a reçu une subvention pour un projet conjoint entre l'IMROP et Partner Africa visant à convertir le rapport d'audit en un plan d'action (de la même manière que les évaluations MarinTrust et MSC sont utilisées pour concevoir le plan de travail du FIP).
Ce projet a débuté en janvier 2024. Les principaux aspects sociaux incluent, entre autres : l'accès aux ressources pour chaque flotte, y compris les artisanales, et pour chaque acheteur, y compris les marchés de consommation locale ; la gestion des déchets et le contrôle de la pollution des usines ; et la gestion des conditions de travail à bord et dans les usines.